Dans un contexte politique où la proposition de loi sur les pathologies psychiques résultant de l’épuisement au travail vient d’être rejetée par le gouvernement, il est temps d’éclaircir ce sujet.
En effet, Le 1er février dernier (2018), une nouvelle version de la proposition de loi pour reconnaître le burn-out en tant que maladie professionnelle, a été, de nouveau refusée.
L’objectif de cette loi est de reconnaître le syndrome d’épuisement professionnel dans la qualification de maladie professionnelle. Aujourd’hui cette maladie est prise en charge par la sécurité sociale. Ce changement entrainerait la prise en charge par la branche Accidents du travail / Maladies professionnelles (AT/MP), et pourrait alors être financée par les entreprises.
Alors de quoi parle-t-on ?
Avez-vous déjà ressenti ces symptômes ?
Au niveau physique :
- Troubles du sommeil, insomnies
- Tensions musculaires, mal de dos, douleurs abdominales,
- Douleurs ou de sensations de gêne thoracique ou abdominale
- Fatigue
- Maux de tête
- Vertiges, nausées
- Problèmes digestifs, nœud à l’estomac,
- Troubles de l’appétit, de l’alimentation
- Souffle court,
- Problèmes de peau, lésions cutanées, eczéma …
- Hypertension
- Baisse de la libido
- Épuisement
- Perte ou prise de poids important
Au niveau émotionnel :
- Modifications de l’humeur
- Troubles anxieux (angoisse, anxiété, crise de panique)
- Nervosité, irritabilité, colère, agressivité, violence
- Perte de plaisir
- Perte de confiance
- Tendance à s’isoler
- Évitement de certaines situations, personnes ou conversations
- Recours à plus de substances psychoactives (tabac, caféine, alcool, drogues)
- Difficultés à initier ou terminer une activité
- Perte de l’estime de soi
- Sensibilité exacerbée, crise de nerfs
- Sentiment d’être vide, sans énergie,
- Morosité, découragement, tristesse
- Sentiment intense de culpabilité
Au niveau intellectuel :
- Troubles de la concentration,
- Troubles de l’attention, oublis fréquents, troubles de la mémoire
- Pensées confuses, indécision
- Vision négative
- Dévalorisation
- Pensée de mort
- Ralentissement
Si vous reconnaissez plusieurs de ces symptômes dans cette liste, considérez que ce sont des signaux d’alarme envoyés par votre corps. Il est temps de vous écouter un peu et d’en parler avec votre médecin.
Le burn-out résulte d’un ensemble de causes liées à la fois au travail et à l’individu.
L’apparition du syndrome s’organiserait autour de quatre étapes
-
L’enthousiasme :
L’individu a un haut niveau d’énergie. L’ambition, les idéaux nous guident vers des objectifs toujours plus élevés. Chacun se consacre à son travail avec énergie même si celui-ci est très exigeant et si les conditions ne sont pas favorables. Il « réussit » ou, retire une grande satisfaction de son travail.
-
Le surinvestissement :
Dans cette deuxième phase, l’individu plafonne : il se rend compte que, malgré ses efforts constants, sa carrière n’évolue pas comme il voudrait. Sa satisfaction ne grandit pas ou que ses efforts ne sont pas reconnus. On exige toujours plus de lui, ou lui-même se fixe des objectifs toujours plus élevés. Il redouble d’ardeur, se met à travailler le soir et le week-end et, surtout, ne déconnecte jamais psychologiquement.
-
La désillusion :
Fatigué et déçu, l’individu commence à perdre tout espoir. Ses efforts sont méconnus ou ne sont pas appréciés à la hauteur de ce qu’ils représentent. Les premiers signes cliniques apparaissent : impatience, irritabilité, cynisme, isolement, troubles somatiques.
-
Le burn-out :
La dernière phase correspond au burn-out proprement dit. L’individu perd tout intérêt pour son travail et pour son entourage professionnel, voire personnel. Il a brûlé toutes ses réserves et se sent totalement épuisé, vidé et découragé. Il n’est tout simplement plus capable de travailler.
Un peu d’histoire…
Le terme « burn-out » est apparu dans les années 1960, en dehors de tout contexte scientifique. Il traduit une fatigue extrême ainsi qu’une perte de passion et d’idéalisme pour son travail. Dans les années 1970 aux États-Unis, son utilisation est devenue plus récurrente dans le monde scientifique. Il décrivait des phénomènes concernant les professions « d’aide aux personnes ». Il était également appelé le « syndrome de John Wayne » : toujours prêt à se battre, même avec une flèche dans le cœur … !
En France
En France, c’est en juin 1959 que le psychiatre français Claude Veil a introduit le concept d’épuisement professionnel dans l’histoire médicale. Dans un article intitulé « Les états d’épuisement » publié dans le Concours médical, il décrivait l’apparition de l’épuisement. Ce dernier apparaissait quand il y a « franchissement d’un seuil » dans une situation professionnelle : « l’état d’épuisement est le fruit de la rencontre d’un individu et d’une situation. L’un et l’autre sont complexes, et l’on doit se garder des simplifications abusives. Ce n’est pas simplement la faute à telle ou telle condition de milieu, pas plus que ce n’est la faute du sujet ».
Au départ, le burn-out a été identifié auprès du personnel aidant (social et médical). La révolution culturelle des années 60 entraine la perte de prestige pour les professions aidantes, tandis que les personnes aidées sont de plus en plus exigeantes. Les années 70 coïncident avec une sorte de destruction des communautés sociales, familiales et religieuses et l’apparition d’un individualisme. On voit ainsi apparaître une culture « narcissique » dans laquelle les individus cherchent d’immédiates gratifications et sont tournés vers leurs propres besoins tout en étant constamment insatisfaits. En parallèle, on est passé d’une société industrielle à une société de services qui s’accompagne de pressions psychologiques plus élevées.
Le développement des études sur ce sujet
En 1974 Herbert J. Freudenberger, un psychanalyste new-yorkais, publie, dans un journal de sciences sociales, la description de son expérience personnelle. Il y décrit toute les étapes par lesquels il est passé lors de ce burn-out. Suite à cette étude autobiographique, la psychologue Christina Maslach et de sa collègue Susan Jackson se penchent en 1976 sur le sujet et réalisent une étude auprès de 200 personnes. En 1981, elles publient un livre Maslach Burnout Inventory (MBI) pour détailler les résultats de leurs investigations. Elle y développe également un modèle de mesure Ce questionnaire de référence qu’elles ont développé, est encore aujourd’hui de très loin le plus utilisé, couvrant environ 90 % de la littérature dans ce domaine.
En 2007, Pines élabore également un questionnaire de mesure, le modèle BM « Burnout measure » (Lourel et coll., 2007a).
Les dimensions du burn-out
Le syndrome décrit par le modèle MBI inclut trois dimensions :
- la première et la plus centrale, est l’épuisement émotionnel, psychique mais aussi physique.
- La seconde dimension est la dépersonnalisation (ou cynisme) se traduisant par un retrait et une indifférence vis-à-vis du travail.
- La troisième dimension est la perte de l’accomplissement personnel, se traduisant par une inefficacité au travail et une dévalorisation.
Après les États-Unis, il a été décrit dans les pays d’Europe, au Royaume-Uni, en Hollande et en Belgique et dans les pays nordiques et s’étend maintenant en Afrique, en Chine et particulièrement dans le continent indien où les changements de société sont très rapides.
Le burnout n’est pas l’épuisement qui, en soi, peut advenir dans beaucoup de circonstances, mais la perte de sens des buts poursuivis qui, en retour, altère l’identité de la personne qui adhère à ces buts.
L’impact socio-économique de ces dernières décennies favorise les risques de burn-out
Depuis plus de quarante ans, les bouleversements subis par le monde du travail ont été considérables. Sans être exhaustif, on peut facilement citer la mondialisation, les crises de l’énergie, l’évolution des modes de transports, la mécanisation et la robotisation, la tertiarisation de l’économie, la numérisation et les nouveaux modes de communication, l’apparition de nouvelles méthodes d’organisation du travail, la généralisation de nouvelles méthodes de management, etc. Toutes ces mutations ne sont pas sans conséquences.
La mondialisation des échanges
Depuis le début des années 1980, l’ouverture des frontières économiques, l’accroissement concomitant des échanges et le développement économique de pays émergents, ont conduit à augmenter la pression concurrentielle sur l’ensemble des économies développées.
Cette nouvelle révolution économique a pour conséquence des mesures d’économie et de réduction des coûts en cascade, d’une entreprise à l’autre, d’un pays à l’autre. La pression concurrentielle force la baisse des prix. La baisse des prix réduit les marges des entreprises et contraint à baisser les coûts de production : cet objectif ne peut être atteint qu’en cherchant à augmenter la productivité du facteur travail. Cette recherche de rationalisation et de compétitivité va se développer aux dépens du travail
La France a perdu près de 2 millions d’emplois industriels sur 5 millions entre 1980 et 2007 et a vu les conditions de travail des salariés épargnés par le licenciement se dégrader. Le chômage de masse et la peur de perdre son emploi ont affaibli les salariés et leurs représentants.
Les salariés concernés ont souvent le sentiment de n’être ni reconnus, ni récompensés pour les efforts consentis pour accompagner leur entreprise en difficulté.
Ces évolutions créent un contexte favorable à la multiplication des cas d’épuisement professionnel.
Le digital et ses impacts sur le lieu et le temps de travail
La transformation numérique a aujourd’hui des impacts majeurs sur la vie au travail.
Les nouvelles technologies
Si les technologies de l’information et de la communication augmentent souvent l’efficacité du travail, elles alimentent également une surcharge d’informations qui peut non seulement être contre-productive pour le salarié mais aussi le conduire à l’épuisement professionnel. Le travailleur ne déconnecte pas ou peu. Il est connecté le soir en rentrant chez lui, le week-end et pendant les vacances.
Les salariés sont souvent mis en concurrence à l’utilisation des outils numériques. Le travail s’individualise de plus en plus. Dans un passé récent, chaque salarié contribuait à la réalisation d’un produit final. De sorte que la récompense ou la gratification reçue par l’un d’eux rejaillissait sur l’ensemble de l’équipe. Aujourd’hui, la performance des uns met en danger les autres.
Le lieu de travail change
Avec l’essor de nouvelles formes de télétravail telles que le nomadisme ou le coworking et le développement du travail connecté à distance. Le juste milieu entre autonomie et déconnexion. Cet équilibre est bien souvent très difficile à trouver.
Depuis quelques années, le travail en open space s’est fortement développé pour rationaliser l’utilisation de l’espace. Ces open space tendent à fluidifier la communication interne, les managers sont en contact direct avec leurs collaborateurs. Mais cela permet aussi d’exercer un contrôle plus efficace sur le travail des salariés.
Par ailleurs, l’individu est surchargé d’informations parasites : conférences avec haut-parleur d’un voisin ou conversations des uns et des autres, et il est indisposé par des bruits intempestifs de sonneries de téléphone ou d’imprimante.
Les nouvelles formes de management
L’évolution des conditions de travail a également modifié la fonction managériale. En France, les managers viennent souvent de l’extérieur, plutôt que par promotion interne.
Ils ne connaissent donc pas toujours tous les tenants et aboutissants du métier des collaborateurs qu’ils sont chargés d’encadrer.
Le rôle du responsable hiérarchique est parfois vu comme celui d’un contrôleur et non d’un encadrant, pouvant réguler et fournir des aides ou des solutions au salarié. Cette vision est amplifiée par les demandes permanentes de reporting (un rapport de son activité)
Ce type de management accentue la perte de sens du travail et est susceptible de mener au burn out. En effet, une personne peut avoir le sentiment de passer plus de temps à justifier de son travail qu’à réellement travailler.
Par ailleurs, le manager n’exerce pas seulement une fonction hiérarchique mais également de coordination et de responsabilité. En effet, il doit assurer la sécurité, prodiguer de la reconnaissance et motiver les équipes pour atteindre efficacement les objectifs de l’entreprise. Cette pression accrue sur le management, de pouvoir garder ses subordonnées en sécurité à tout moment avec des moyens limités, peut aussi entrainer l’épuisement professionnel.
La relation client ou avec l’usager
Parmi les professions les plus touchées par le burn-out figurent notamment les secteurs évoluant au contact du grand public et notamment certains services publics, fournissant des services sanitaires ou sociaux. Certains usagers du service public – de l’hôpital, de Pôle Emploi ou des caisses d’allocations familiales, etc. –prennent à partie les agents avec des reproches personnels plus ou moins violents, et une insatisfaction qui heurtent les agents qui exercent une profession par vocation et attachement aux valeurs du service public.
Dans ces conditions, l’épuisement professionnel n’est pas seulement dû aux contraintes directes (horaires, urgence, etc.) et aux conditions de travail ou à un management défaillant ; il trouve également sa source dans des causes plus « diffuses », traduisant des évolutions de la société : augmentation de la complexité et des exigences en termes de résultats, attentes multiples et contradictoires du public de plus en plus souvent considéré comme des clients, fragilisation de la morale commune et des objectifs de solidarité, accumulation des normes et règles, déstabilisation du statut, etc.
Les définitions : Syndrome d’épuisement professionnel, « burn-out », surmenage. De quoi parle-t-on ?
Le burn-out
La définition du Larousse est : « Syndrome d’épuisement professionnel caractérisé par une fatigue physique et psychique intense, générée par des sentiments d’impuissance et de désespoir. »
Maslach et Leiter décrivent le burnout au travers de « l’écartèlement entre ce que les gens sont et ce qu’ils doivent faire. Il représente une érosion des valeurs, de la dignité, de l’esprit et de la volonté – une érosion de l’âme humaine. C’est une souffrance qui se renforce progressivement et continûment, aspirant le sujet dans une spirale descendante dont il est difficile de s’extraire.
Selon l’approche de M. Philippe Zawieja définie à partir des travaux de MM. Schaufeli et Enzmann (1998), « le burn-out est un état d’esprit durable, négatif et lié au travail affectant des individus “normaux” ». Cette condition psychique peut être longtemps ignorée du sujet lui-même, incapable de ce fait d’initier une quelconque stratégie de défense psychique efficace. Pour beaucoup, il est assimilé au sur-engagement des individus dans leur travail ; ainsi, il est parfois présenté comme « la maladie du battant ».
L’épuisement professionnel
C’est le terme français qui correspond à burn-out. Selon l’Organisation mondiale de la santé, l’épuisement professionnel se caractérise par « un sentiment de fatigue intense, de perte de contrôle et d’incapacité à aboutir à des résultats concrets au travail ».
Le surmenage
Selon le dictionnaire Larousse, le surmenage est un ensemble des troubles consécutifs à une activité physique ou intellectuelle exercée au-delà du seuil de la fatigue. Le surmenage peut conduire au burn-out, mais il n’est qu’une partie de ce syndrome.
Aujourd’hui le burn-out est une conséquence d’un stress chronique. C’est un syndrome, c’est-à-dire un ensemble de signes, de symptômes, de modifications morphologiques, fonctionnelles ou biochimiques de l’organisme qui par leur groupement, permettent d’orienter le diagnostic.
Les 3 dimensions du burn-out
Il n’y a pas de définition figée, mais différentes études mettent en avant les trois dimensions traversées, qui évoluent successivement sur plusieurs années :
-
l’épuisement émotionnel :
fatigue psychique et physique, avec une sensation d’abattement, vidé de ses ressources, qui rend irritable et dont les conséquences physiques sont des troubles somatiques non spécifiques (insomnie, hypertension artérielle, perte d’appétit, migraines, troubles digestifs, douleur angineuse, douleurs diffuses, baisse de la libido, …). Les temps de repos habituels ne suffisent plus à soulager cet épuisement émotionnel.
-
la dépersonnalisation :
ou la perte d’intérêt vis-à-vis d’autrui, voir le cynisme, prennent place. L’individu se désengage de son travail et des personnes, se déshumanise inconsciemment des autres. Cette seconde dimension correspond en quelque sorte à un mouvement d’auto-préservation face aux exigences (émotionnelles) du métier auxquelles la personne ne peut plus faire face.
-
la dévalorisation de soi
la diminution de l’accomplissement personnel, traduisant à la fois pour l’individu le sentiment d’être inefficace dans son travail et de ne pas être à la hauteur du poste. Malgré tous ses efforts, le travailleur se sent dans une impasse, vécu comme un sentiment d’échec personnel.
La multiplicité des facteurs de risques
Le burn-out résulte le plus souvent d’une combinaison de facteurs. Il est, bien sûr, étroitement lié à l’environnement professionnel. Cependant, confrontées aux mêmes conditions de travail, certaines personnes vont s’avérer plus sujettes à développer un état de burn-out. Certaines caractéristiques de l’environnement social et familial ainsi que des caractéristiques personnelles jouent un rôle de protection ou de vulnérabilité face aux situations difficiles et stressantes que la personne rencontre.
1. L’environnement professionnel et les caractéristiques du travail
Les facteurs liés au travail sont déterminants dans l’approche du syndrome d’épuisement professionnel. Les travaux conduits par les études de C. Maslach en 2001 et K. Lindblom en 2006 sur le burn-out en identifient plusieurs :
Le travail
- la surcharge de travail, accompagnée ou non d’une pression temporelle : pressions liées aux horaires ou aux délais, travail dans l’urgence, travail fractionné, impossibilité de mener une tâche jusqu’à son terme, imprévisibilité des horaires, etc. ;
- des objectifs à atteindre trop élevés, notamment du fait du déséquilibre entre les objectifs demandés et les moyens mis à disposition ;
- la complexité du travail
- un manque de clarté des tâches, une confusion des rôles ;
Le relationnel
- une implication très importante sur le plan humain : l’épuisement professionnel touche particulièrement les professions vocationnelles, notamment celles en lien avec le soutien aux personnes, l’aide ou le soin ;
- une mauvaise ambiance de travail qui se caractérise par une récurrence des conflits interpersonnels ;
- des valeurs individuelles en conflit avec celles de l’organisation et les finalités du travail, notamment dans le service public ;
- un faible soutien des supérieurs hiérarchiques ou des collègues ;
- des comportements managériaux abusifs ou défaillants.
- certaines relations avec le public peuvent s’avérer émotionnellement exigeantes pour le travailleur, comme par exemple des contacts difficiles avec le public (clients venant faire valoir leur mécontentement, personnes en détresse venant chercher une aide en dernier recours, etc.), des violences verbales (propos désagréables, insultants, humiliants, etc.) ou physiques, ou encore le fait d’afficher vis-à-vis du public des émotions en contradiction avec son ressenti (devoir sourire à un client qui suscite un certain énervement, par exemple).
Le facteur économique
- l’insécurité socio-économique liée à la peur de perdre son emploi, aux retards dans le versement des salaires, à la précarité d’un contrat, etc., mais aussi du risque de devoir faire face à des changements non maîtrisés liés à l’incertitude sur l’avenir de son métier, la peur de devoir changer de qualification ou de métier sans y être préparé, etc.
2. Les caractéristiques personnelles
L’accomplissement professionnel, l’exécution d’un travail qui fait sens et la fierté du travail bien fait occupent une place importante dans les aspirations de nos concitoyens. L’activité professionnelle n’est pas uniquement une source de rémunération : elle est partie prenante de l’épanouissement personnel, de l’intégration et du lien social. Par ailleurs, le travail, le métier, donnent également une identité collective à laquelle chacun peut rattacher sa fierté individuelle.
Le sur-engagement
Le burn-out est souvent qualifiée de « maladie du sur-engagement », en précisant que le syndrome touche principalement les personnes surinvesties dans leur travail ou pour lesquelles le travail revêt une dimension allant bien au-delà du seul échange entre le temps passé dans l’entreprise et la perception d’une rémunération.
Le sur-engagement est un facteur clef de l’épuisement professionnel mais il a lui-même des causes. Faire de son travail le centre de sa vie, avoir des attentes élevées envers soi-même, faire preuve d’un idéalisme extrême sans se laisser la possibilité de transiger, négliger d’évacuer les tensions en ayant des activités non professionnelles, difficulté à déléguer, volonté d’être apprécié de tout le monde, faible estime de soi, confusion entre performance professionnelle et valeur personnelle, etc.
Toutefois, il serait faux de considérer le syndrome d’épuisement professionnel comme une conséquence inéluctable d’un engagement trop intense d’un individu au travail.
La rigueur
Le caractère consciencieux peut également jouer un rôle dans ce syndrome (être méthodique, organisé, soigné, méticuleux, persévérant, etc.).
Pour autant, c’est bien l’environnement dans lequel les individus travaillent – notamment l’organisation du travail – qui génère le burn-out et non les personnes elles-mêmes – ou leur incapacité supposée à assumer les exigences de leur emploi. Le burn-out survient chez des sujets n’ayant connu antérieurement aucun trouble mental. Il apparaît également bien souvent à partir d’une position de force et de réussite plutôt que de faiblesse.
3. Les facteurs relevant de la vie personnelle et familiale
Mis dans une situation de travail identique, il faut s’interroger pourquoi, certains sujets se retrouvent en situation d’épuisement professionnel et d’autres pas. Les ressources, le soutien de l’environnement familial et amical sont des éléments de résistance et de protection. Mais ils peuvent également s’avérer nocifs pour la personne, dans un univers négatif. Le milieu dans lequel évolue l’individu n’est pas le facteur premier de l’épuisement professionnel mais peut inhiber ou, au contraire, renforcer la possibilité de connaître un burn-out.
Tous connectés… quand le travail s’invite à la maison
Depuis l’avènement des nouvelles technologies de l’information et de la communication qui font que le lieu et le temps de travail sont quasiment abolis dans bien des secteurs. Certains salariés, et notamment les cadres, sont « connectés » et susceptibles d’être sollicités à toute heure du jour et de la nuit.
Selon une étude « Les effets du travail sur la vie privée » du cabinet Technologia, réalisée en mars 2012, montre entre la place effective prise par le travail et la volonté affichée de consacrer du temps à sa vie personnelle et familiale. Le travail occupe une place prépondérante dans la vie des cadres (61 %). Ces derniers sont de plus en plus nombreux à travailler le soir, après 20 heures (50 % des cadres) et le week-end. Et même pendant leurs vacances, ils ne décrochent pas complètement.
Lorsque cela impacte la vie familiale
Ceci a un impact sur la vie privée (vie familiale, vie de couple). Si cette situation est temporaire, cet empiètement du travail sur la vie privée et familiale peut être géré, sans trop de difficultés et de dégâts. Mais si la situation s’installe, perdure et se dégrade, les conséquences s’accroissent : culpabilité, difficultés relationnelles intra-familiales, fatigue chronique, troubles du sommeil et de l’alimentation, troubles cardio-vasculaires, épuisement.
Confrontés de manière grandissante aux horaires atypiques (40 % de l’emploi en France selon la DARES en 2013) et à l’intensification du travail, les salariés, femmes et hommes, recherchent des solutions pour concilier dans la durée leurs responsabilités professionnelles et personnelles. Ils aspirent à une meilleure articulation des temps. Ainsi, lorsqu’il est demandé aux Français de préciser ce qu’ils associent à la qualité de vie au travail, la conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle arrive en deuxième position, juste après la nature du travail.
Lorsque les deux facteurs sont cumulés – environnement familial non protecteur et envahissement de la vie professionnelle par la vie personnelle –, la potentialité de connaître un burn-out s’en trouve renforcée.
Même si des symptômes communs existent, le burn-out se différencie de la dépression dans la mesure où il s’exprime en premier lieu dans la sphère professionnelle, avant éventuellement de déborder vers la sphère personnelle. Tandis que la dépression s’étend à tous les aspects de la vie.
Qui sont les plus impactés ?
Contrairement à ce que l’on peut penser, les personnes qui supportent habituellement bien le stress et se considèrent comme solides ne sont pas épargnées, au contraire.
Des professions
Certaines sont plus « à risque » que d’autres, notamment celles :
- à fortes sollicitations mentales, émotionnelles et affectives,
- à forte responsabilité notamment vis-à-vis d’autres personnes,
- où l’on cherche à atteindre des objectifs difficiles, voire impossibles,
- où il existe un fort déséquilibre entre les tâches à accomplir et les moyens mis en œuvre,
- une faiblesse de l’environnement social,
- des difficultés à séparer vie professionnelle et vie privée
- où il existe une ambiguïté ou un conflit de rôles ;
Des personnes
Certaines sont plus « à risque » que d’autres :
- en ayant des idéaux de performance et de réussite,
- en liant l’estime de soi à leurs performances professionnelles,
- sans autre centre d’intérêt que leur travail,
- en se réfugiant dans leur travail et fuyant les autres aspects de leur vie ;
Selon l’Assurance Maladie, les affections psychiques concernent majoritairement les femmes, dans près de 60 % des cas, ayant en moyenne 40 ans. Les employés sont la catégorie socio-professionnelle qui connaît la fréquence la plus importante d’affections psychiques liées au travail. D’après Santé publique France, il s’agit de la catégorie qui connait également le plus grand déséquilibre entre efforts et récompenses au travail.
Le secteur médico-social concentre à lui seul près de 20% de ces accidents alors qu’il emploie environ 10% des salariés. Avec les transports – et plus particulièrement, le transport de voyageurs – et le commerce de détail, ils représentent presque la moitié des affections psychiques liées au travail en 2016. Les indépendants sont également fortement touchés.
Le burn-out touche souvent les individus très engagés, qui ont tendance à se surpasser et à toujours privilégier la performance au détriment de leurs besoins, confirme le Dr Barlet-Ghaleb. Ce syndrome affecte également souvent les personnes perfectionnistes ou celles qui ont un besoin prononcé de contrôle.»
A la fois, être passionné, c’est être motivé… alors comment trouver le juste milieu en terme de motivation et engagement ?
Comment reprendre pied ?
Il n’est jamais trop tard pour ce se recentrer sur l’important.
Prendre du temps pour soi
Se préserver des moments pour soi dehors du travail, pour faire des activités par plaisir et non par obligation (être en bon santé, un bon parent, un bon ami, rester mince….). Prendre le temps de faire des choses pour soi sans se sentir coupable de ne pas faire tout le reste. Ces choses peuvent être simples : buller, se balader, lire, faire du sport, s’occuper de soi, faire des activités manuelles, … quoique ce soit du moment que vous prenez plaisir à le faire, que vous pouvez savourez ce moment.
Bien sûr au début vous vous sentirez coupable, mais au fur-et-à-mesure vous verrez les bienfaits sur votre corps et votre mental.
Respirer
Prendre le temps de respirer… Cela paraît naturel et pourtant nous ne le faisons jamais assez. La respiration peut de se calmer en abaissant son rythme cardiaque, de se concentrer et d’améliorer notre métabolisme.
Prendre le temps de ressentir ses émotions… qui ont été trop souvent enfouies au plus profond de vous. Savourez chaque moment, chaque sourire, chaque rayon de soleil, chaque discussion, chaque activité.
Prendre du recul
Il est fondamental de pouvoir prendre du recul. Mais c’est bien la chose la plus difficile à faire. Lâcher-prise sur la maladie, sur votre mode de fonctionnement que vous devez modifier (vos exigences envers les autres et surtout envers vous-même), votre culpabilité, vos critères de réussite. Cette distance est nécessaire pour accepter cette étape dans votre vie, accepter l’idée qu’« à l’impossible nul n’est tenu » et vous permettre de vous reconstruire sur des bases solides.
Ce lâcher-prise va également permettre à votre mental de récupérer et du coup, au corps également. Le repos est important, mais l’activité physique l’est tout autant. Pour sortir de cette phase « d’envie de rien » ou pour évacuer toutes vos tensions, le sport vous permet de reconstruire votre corps.
Se reconnecter avec soi-même
Compléter votre suivi médical avec des méthodes de détente et de concentration vous aideront à vous recentrer et à lâcher-prise comme la méditation, la cohérence cardiaque, le yoga, le Qi Gong.
Les techniques psycho-corporelles, comme la sophrologie, vont avoir un effet positif sur le corps, les émotions et le mental.
La sophrologie va vous aider à vous reconnecter avec vos sensations, vos émotions. Vous allez apprendre des exercices de mouvements simples et de respirations, que vous pourrez utiliser dans votre quotidien. Ils vous serviront pour évacuer vos tensions, les peurs, l’échec. Ces exercices aident à prendre de la distance, à être calme. Ils aident aussi à valoriser vos moments de fierté et renforcer votre confiance en vous. L’objectif est de réapprendre à votre corps et votre tête à mieux percevoir vos émotions, à mieux les gérer pour ne pas être submergé et de ce fait à mieux connaître vos limites.
Comme pour apprendre un sport ou un instrument de musique, cela nécessite de l’entrainement, un peu chaque jour, pour maîtriser de mieux en mieux ces nouveaux outils et vous sentir libres.
Et après ?
Quand il y a eu un arrêt de travail, la reprise doit se faire en coordination avec les instances médicales (médecin du travail, médecin traitant, médecin spécialisé (psychiatre), psychologue et thérapeute, l’entreprise (l’employeur, la direction des ressources humaines, le CHSCT et les délégués du personnel, management) et le salarié pour qu’elle soit une réussite.
Le retour à l’emploi doit être envisagé progressivement, après une visite de pré-reprise auprès du médecin du travail, et avec un accompagnement du travailleur voire de l’équipe de travail et du manager.
À son retour, le travailleur ne doit pas retrouver un cadre de travail identique. Une réflexion doit être menée par les différents acteurs de l’entreprise pour changer l’organisation du travail. Il est nécessaire d’examiner les possibilités de réorienter l’activité ou l’opportunité de redéfinir un nouveau projet professionnel. Il faut laisser le temps à l’individu de se réadapter à ce monde du travail, à son rythme pour que ce soit une réussite.
La PNL (Programmation Neuro Linguistique) peut également vous aider à vous recentrer sur ce qui est important pour vous, sur ce qui vous motive, vous anime, pour vous permettre de retrouver du sens aux choses du quotidien, un équilibre.
Et maintenant ?
Le concept d’épuisement professionnel fait l’objet depuis son émergence dans les années 1970, d’une attention très soutenue, aussi bien de la part des chercheurs que des professionnels de terrain. Il est toujours actuellement en cours d’évolution, comme en témoigne l’abondante littérature scientifique et les innombrables communiqués de presse.
L’investissement des politiques pour border ce syndrome et le faire reconnaître comme maladie professionnelle a le mérite de centraliser toutes les études faites ces 40 dernières années. Cela montre l’importance de ce phénomène aujourd’hui. Il permet aussi de mettre en évidence les changements importants qu’il va falloir mettre en œuvre rapidement, au sein des entreprises. Cela met également en exergue la prise de conscience de chacun, que nul n’est à l’abri.
Et nous dans tout ça ?
Nous devons être mobilisés, attentifs aux autres et à nous-mêmes.
J’aime à imaginer que nous pourrions vivre différemment si nous appliquions à chaque instant la parole de Bouddha : « Ne demeure pas dans le passé, ne rêve pas du futur, concentre ton esprit sur le moment présent. »… Alors profitez de chaque instant agréable, de votre entourage, d’une balade, d’un rayon de soleil, de chaque minute de plaisir pour embellir votre quotidien… Le cerveau aime se nourrir de positif, alors pourquoi pas vous ?
Si vous voulez en savoir plus sur la sophrologie, cliquez ici
Si vous voulez en savoir plus sur la PNL, cliquez ici
Sources :
Le burnout : historique, mesures et controverses (Burnout: History, measurement and controversies) de V.Kovess-Masfety & L.Saunder.
Etude Inserm : Stress au travail et santé – Situation chez les indépendants
Les Echos : Le burn-out revient en débat à l’Assemblée (https://www.lesechos.fr/economie-france/social/0301200653941-le-burn-out-revient-en-debat-a-lassemblee-2147814.php)
Guide d’aide à la prévention sur le syndrome d’épuisement professionnel ou burnout. Mieux comprendre pour mieux agir (N° ISBN : 978-2-11-129981-8) de la DGT, INRS, ANACT
Dictionnaire Larousse
Etude de l’Assurance Maladie : Santé travail : enjeux & actions – Ameli – Risques professionnels (http://www.risquesprofessionnels.ameli.fr/fileadmin/user_upload/document_PDF_a_telecharger/brochures/Enjeux%20et%20actions%202018_affections%20psychiques%20travail.pdf)
Le matin : Surmenage : Le burn-out touche davantage les passionnés (https://www.lematin.ch/sante-environnement/sante/burnout-touche-davantage-passionnes/story/11506031)
Le temps : Quand le burn out touche aussi les parents (https://www.letemps.ch/societe/burn-out-touche-parents)
Rapport d’information de MM. Yves Censi et Gérard Sebaoun à l’Assemblée Nationnale – N° 4487 (http://www2.assemblee-nationale.fr/documents/notice/14/rap-info/i4487